L’Orange douce

Un agrume venu tout droit d’Asie

C’est la saison des oranges ! C’est l’occasion pour moi de parler de ces agrumes à la couleur éclatante. Mais pourquoi parler d’Orange douce ? Et bien pour le savoir, il faut accepter de faire un peu de botanique et remonter petit à petit dans le temps.

L’Oranger de Chine

Allez, un peu de sérieux. Le fruit de l’Oranger de Chine (Citrus sinensis) est appelé Orange douce pour le distinguer de l’Orange amère, fruit du Bigaradier (Citrus aurantium). Le Citrus sinensis est un arbre de développement moyen à la ramure harmonieuse. Les jeunes branches sont épineuses. Les feuilles sont alternes, persistantes, ovales, longues de 6 à 12 cm, pointues et vernissées sur le dessus. Les feuilles et la peau des fruits sécrètent une huile essentielle parfumée. L’Oranger fleurit de mars à juillet et fructifie de novembre à mars. Les fleurs, à 5 pétales et étamines jaunes, sont blanc rosé et cireuses. La maturité des fruits prend entre dix et douze mois. Auto-fertile, l’Oranger n’a pas besoin d’un autre arbre pour être pollinisé et donne des fruits rapidement. En zone tropicale, où il ne fait jamais froid, les oranges restent vertes grâce à la chlorophylle. Dans les zones méditerranéennes, elles se comportent comme les feuilles des arbres caducs. A l’arrivée du froid, quand il n’y a plus de photosynthèse possible, elles prennent leur couleur orange,

Un peu d’histoire maintenant

C’est sur les contreforts de l’Himalaya et en Chine qu’il faut chercher les origines de l’Oranger. Le Bigaradier est transmis par les Perses aux Arabes qui l’acclimatent un peu avant l’an 1000 dans la Péninsule ibérique et en Sicile. Le mot orange vient d’ailleurs d’un mot arabe emprunté aux Perses. La culture de l’Oranger se diffuse ensuite plus au Nord. Les croisés jouent aussi un rôle dans cette progression, ils ont rapporté du Proche Orient des orangers qui s’acclimatent assez facilement en Provence, en particulier aux îles d’Or (les îles d’Hyères). Mais me direz-vous, où est donc l’Orange douce ? Le fait est qu’elle arrive bien tard. Il faut attendre le XVe siècle pour que les Portugais l’importent d’Asie. Ce n’est pas le tout, cependant. Il a fallu quelques précautions pour cultiver l’oranger hors de la zone méditerranéenne. Et voilà, c’est comme ça que sont nées, au XVIIe siècle, les orangeries ! Celle de Versailles a été construite par Jules Hardouin-Mansart, de 1684 à 1686, afin d’abriter la collection de plantes exotiques et d’orangers du Roi Soleil, soucieux de montrer sa puissance et sa richesse.

La symbolique

J’aime bien la symbolique, celle des couleurs, mais aussi des formes, des fleurs et bien sûr des fruits. L’Orange, aux nombreux pépins, est symbole de fécondité, et de virginité, car la fleur et le fruit cohabitent sur l’arbre. Dans les romans courtois du Moyen Age, Ah ! Le Moyen Age, les amoureux se donnent rendez-vous sous l’oranger. L’Orange, sphère solaire, symbolise aussi la perfection et le paradis.

Allez, passons à un autre de mes dadas, l’entourage de Maria Sibylla Merian. Johann Christoph Volkamer ! Au début du XVIIIe siècle, cet habitant de Nuremberg passionné d’agrumes, représente cédrats, citrons et oranges à la façon de magnifiques corps célestes flottant au-dessus de jardins et de paysages pittoresques. Son ouvrage permet la diffusion des agrumes dans les jardins du Nord de l’Europe et inspire la réalisation, au XIXe siècle, d’ouvrages botaniques illustrés, comme celui d’Antoine Risso et de Pierre Antoine Poiteau, L’histoire naturelle des orangers.

Un fruit tonique ++

L’Orange douce dispose d’une quantité de vitamine C importante ainsi que des flavonoïdes et des fibres. La vitamine C participe à la lutte contre les infections, action renforcée par les antioxydants que sont les flavonoïdes. La vitamine C et les flavonoïdes permettent de renforcer la solidité des parois cellulaires, améliorant ainsi la circulation capillaire. L’ Orange contient aussi de la pectine, substance au pouvoir gélifiant. Elle conserve tous ses éléments nutritifs puisqu’elle est généralement consommé crue.

Quelques chiffres

Le Brésil est le 1er producteur mondial d’oranges, viennent ensuite l’Inde, la Chine, le Mexique, les Etats-Unis, le Pakistan, l’Espagne, l’Iran, l’Italie. Plus de 90 % de la production mondiale de jus d’orange est fournie par le Brésil et les Etats-Unis. La région méditerranéenne est le plus grand exportateur de fruits frais.

Et pour finir, la tarte aux oranges de mon enfance

La tarte aux oranges de ma mère, comme j’aimerais en retrouver la recette ! Dans mes souvenirs, il y a une pâte sablée, des oranges bien sûr !, une crème d’amandes et un sirop nappant le tout. Bon, la pâte sablée pas de problème, je peux en acheter, ou en faire une, si j’ai du temps devant moi. Les oranges, il faut les prendre non traitées et bio, car il me semble bien qu’il fallait garder la peau. La pâte, la cuire à blanc ou pas ? Je farfouille un peu de-ci de-là, histoire d’avoir quelques idées supplémentaires. Il apparaîtrait qu’il faille cuire ensemble la pâte et la crème d’amande, puis ajouter, seulement après cuisson, les oranges coupées en fines lamelles et confites dans un sirop au préalable, et terminer en versant le reste de sirop sur le tout. Je me revois en train de suçoter les tranches d’orange, pas toujours très faciles à manger. Le morceau de tarte avait tout d’un gros bonbon ! Trop régressif !

 

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